L'UE renforce les sanctions contre le Zimbabwe
Une femme et son enfant attendaient pour obtenir de l'eau, lundi, à Harare. L'Europe demande l'intervention de l'OMS contre une épidémie de choléra qui a déjà «probablement fait des milliers de victimes». (AP/Tsvangirayi Mukwazhi)
Bruxelles a ajouté onze noms, dont le président zimbabwéen, sur la liste de 160 responsables interdits d'entrée dans l'UE.
Les défis africains se bousculent aux portes de l'Union européenne : le Congo, menacé d'une catastrophe humanitaire selon l'ONU, est venu s'ajouter lundi à la liste des urgences à côté de l'encombrant président du Zimbabwe et de la spectaculaire envolée de la piraterie près des côtes de Somalie. L'Europe vient d'ajouter sa voix au chœur presque unanime des condamnations de Robert Mugabe. «Le moment est venu d'exercer une pression maximale pour qu'il s'en aille et donne la possibilité au peuple zimbabwéen de mettre ses affaires en ordre», affirme Javier Solana, diplomate en chef de l'Union européenne. Les 27 ministres des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles, ont infligé un tour de vis de plus au régime de Harare. Ils ont ajouté onze noms à la liste de 160 responsables - dont le président zimbabwéen lui-même - qui sont interdits d'entrée sur le territoire de l'Union. D'autres sanctions pourraient tomber, «au jour le jour». Sous la houlette de Bernard Kouchner, l'Europe joue enfin la carte de l'ingérence sanitaire. Elle demande l'intervention de l'Organisation mondiale de la santé contre une épidémie de choléra qui a déjà «probablement fait des milliers de victimes», d'après le ministre français.
Force temporaire en RD Congo
Sur le Congo, l'accord est plus difficile à trouver. Les Européens restent partagés sur l'envoi d'une force qui viendrait temporairement épauler les Casques bleus de la Monuc. Il est difficile de dire «non» à une demande des responsables de l'ONU. Les Vingt-Sept se sont donc engagés à «répondre au plus vite» au secrétaire général des Nations unies. Mais aucune réponse ferme n'est esquissée. «N'allez pas croire qu'une mission militaire suffirait à régler le problème», estime le ministre français. Dans la demande adressée à Bruxelles, le secrétaire général Ban Ki-moon suggère l'envoi à l'est du Congo d'une force européenne temporaire, dotée d'une mission précise : assurer le relais dans le Nord-Kivu, avant l'arrivé de 3 000 soldats supplémentaires de la Monuc, espérés pour renforcer les 17 000 déjà sur place. C'est la région où des combats opposent la rébellion du général Laurent Nkunda aux troupes gouvernementales, avec en toile de fond 250 000 civils jetés sur les routes.
Le retard dans les renforts de la Monuc a, peu ou prou, la même cause que la réticence de l'Europe à répondre à l'appel : l'effet de ciseau entre d'un côté des perspectives budgétaires assombries et, de l'autre, l'inflation des besoins militaro-humanitaires. Hors Kivu, les Nations unies envisagent de renforcer leurs opérations en Somalie, au Soudan, au Tchad et en République centrafricaine.
À l'épuisement des troupes disponibles, s'ajoute la lassitude des opinions publiques. Lundi, la Suède, l'Irlande, la Finlande, la République tchèque et surtout la Belgique, ancien colonisateur, insistaient pour ne pas rester les bras croisés. Mais aucun des trois grands contributeurs du Vieux Continent - l'Allemagne, la France ou la Grande-Bretagne - n'accepte l'idée d'une force d'intervention européenne au Congo. Tous, il est vrai, s'attendent à être lourdement sollicités pour l'Afghanistan dans les mois qui viennent…